Procès de Jean Baptiste MÜLLER
Le texte qui suit a été recopié selon le manuscrit 475 du fonds A.VIVIE page 14-36 et autres
Aux archives municipales de BORDEAUX le Vendredi 15 février 2002
Par Claude MÜLLER
Les textes en italiques sont des rajouts du recopieur
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Comme le précédent, il est accusé d’aristocratie.
Muller (Jean Bte) fils de Robert et de
Catherine Meyer, était né le 10 Juin 1742 au
Luxembourg. Il était professeur d’équitation et
Exploitait à Bordeaux depuis 15 ou 16 ans un
Manége que fréquentait l’élite de la population
De cette ville.
En 1793, on lui réquisitionna 6 chevaux,
Des selles & des brides pour les cavaliers de la
Force départementale ; il refusa de les fournir.
Le 15 germinal an 2 (4 avril 1794), Dubreton,
Cre Gal de l’armée des Pyrénées orientales le
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remerciait d’avoir mis à sa disposition des mors &
des brides nécessaires à l’équipement de cette armée,
& l’assurait des sentiments de reconnaissance des
Rep.Dup. & des généraux.
Le 23 du même mois (12 avril 1794) le conseil
???? des chasseurs montagnards à cheval du gers
certifiait que Muller avait donné gratuitement des
principes d’équitation & des évaluations militaires
à 12 élèves de ce corps & avait fait preuve ainsi
du plus pur civisme.
Tout cela était fort bien – et de ce chef
Muller pouvait dormir tranquille.
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Mais il y avait un grain de sable
Il avait été en correspondance avec le Prince de
Lambesc & il avait signé pour l’ouverture des
églises.
Le 2 Prairial an 2 (9 juin 1794), il était
appelé au Cté de survce (comité de surveillance) & il y subissait devan
Compain l’interrogatoire suivant :
aujourd’hui 21 Prairial l’an 2 de la R.F. une & indivisible
nous membres du Cté révolut.de survce de la ce de Bx établi par arrêté
Du Cté de salut public de la Conv.Nat. avons interrogé le ci-après nommé
De la manière suivante :
I : Quel est ton nom, ton âge, le lieu de ta naissance, ta profession
& ta demeure ?
R : Jean Bte Müller, âgé de 42 ans environ, natif de Luxembourg,
Chef de manége de Bordeaux, demeurant cours du manége N° 13.
I : Es-tu noble ou parent d’émigrés ?
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R : Je ne suis ni l’un ni l’autre.
I : As-tu ta carte de section ?
R : J’ai ma carte d’épuration & les attestations de service.
I : T’es-tu jamais intéressé pour faire obtenir la liberté
à quelque détenu ?
R : Jamais.
I : As-tu jamais oui dire qu’un détenu eut obtenu sa
liberté à prix d’argent ? ou que quelque conspirateur eut échappé
au glaive de la loi par le même moyen ?
R : Non.
I : Allais-tu quelquefois chez Yrabeau, Tallien & la Fontenay ?
R : J’y ai été une fois le jour de leur arrivée pour monter
à cheval avec eux ; jamais je ne les ai revus depuis.
I : Es-tu signataire de quelque pétition pour l’ouverture
des églises, as-tu été membre du club monarchique ou de celui
de la jeunesse bordelaise ?
R : Rien de tout cela.
I : Connais-tu quelque maison particulière où l’on ait dit
la messe ?
R : Non.
I : As-tu jamais oui dire qu’a l’apparition ou la levée des
salles, on se fut permis d’enlever des objets quelconques ?
R : Non.
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I : Quels sont les bons citoyens que tu connais ?
R : Tout mon quartier & ma section.
I : Quels sont ceux qui peuvent attester les expressions de
ton patriotisme ?
R :Tout le monde.
I : Quelles sont tes correspondances ?
R : Aucune.
I :A la faveur de ton établissement d’équitation, as-tu
recélé chez toi des chevaux qui étaient compris dans la réquisition ?
R : Du moment qu’ils ont été mis en réquisition, j’aie
envoyé tous ceux qui étaient chez moi, et tous ceux qui me restent
au nombre de 12 sont au service de la République.
Plus n’a été interrogé &
Signé : Compain, Muller
SIGNATURE de MULLER
Et avenant, lecture ayant été faite au comité de l’interrogatoire
à ????, nous commissaire avons été chargé de continuer ainsi
qu’il suit :
I : Depuis quand as-tu cessé de correspondre avec Lambesc
& la maison de Latresne ?
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R : Je n’ai jamais correspondu avec Lambesc depuis la
Révolution directement ni indirectement, non plus qu’avec
Latresne.
I : La mauvaise foi que tu as manifesté dans une de tes
réponses précédentes ne me répond guère de la vérité de celle-ci.
C’est ce qui me force à te sommer de répondre l’exacte vérité ?
R : J’atteste que je n’ai point eu de correspondance avec
Lambesc & Latresne depuis la révolution.
I : Depuis quand es-tu chef de manége ?
R : Depuis 16 ans.
I : Que faisais-tu avant ?
R : J’étais adjoint à Panzi à l’académie.
I :Lorsque tu devins adjoint à l’académie, quel étude
faisais-tu ?
R : J’ai suivi le cours de l’équitation depuis mon enfance.
I : N’as-tu jamais été employé par Lambesc ?
R : J’ai été employé par le ci-devant tyran en jamais
par Lambesc.
I : As-tu porté la livré de Lambesc ?
R : Jamais.
I : Quelles étaient tes relations avec lui ?
R : J’étais chargé d’acheter les chevaux de têt pour le
Manége de Versailles.
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I : Quels étaient tes rapports avec Latresne ?
R : Il m’avait pris dés l’enfance en amitié, m’avait élevé
comme un de ses enfants et me fit tout le bien qu’il put avant de
mourir.
I : Depuis quand Latresne est-il mort ?
R : Depuis 10 ou 12 ans.
I : Quels sont ceux de sa famille que tu as connus depuis sa
mort ?
R : Aucun.
I : Que t-a-t-il laissé en mourant ?
R : Rien du tout, il m’a seulement fait du bien pendant sa
vie.
I : Es-tu convaincu d’après la preuve qui t’est présenté
d’avoir signé une pétition pour l’ouverture des églises ?
R : Oui, je reconnais ma signature, la municipalité avait
permis de le faire & avait elle-même loué les églises.
Et plus n’a été interrogé & - Muller, Compain
SIGNATURE DE MULLER
A la suite de cet interrogatoire, Muller fut
écroué dans la maison d’arrêt du petit séminaire.
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Le lendemain, 10 Juin 1794, il écrivait à Jullien
pour réclamer sa mise en liberté. " Au moment où j’ai
été arrêté, disait-il, mon épouse touchait à son dernier
soupir ; elle n’est peut être déjà plus, où si elle respire
encore, la seule nouvelle de mon arrestation va
indubitablement la précipiter au tombeau. "
Jullien renvoya la pétition au Cté de survce
Aucune décision n’intervint.
Le 12 Juin, nouvelle réclamation de muller
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à Jullien :
…..Je t’ai présenté, citoyen, une pétition pour réclamer
ma liberté. Tu l’as renvoyé au Cté de survce et le comité à
répondu que c’est à toi seul qu’appartenait le droit de statuer
sur ma demande.
Je reviens donc à toi, citoyen, pour te rappeler que ma
conduite n’a jamais été en contradiction avec les lois, que je suis
employé par état au service de la république et que ma femme
est depuis longtemps dans une situation qui fait craindre tous
les jours pour sa vie.
??? tout, citoyen, les moyens sur lesquels je me fonde pour
te demander ma liberté. L ‘injustice & l’humanité parlent en ma
faveur, et je sais qu’un citoyen français ne les invoque jamais
en vain.
Signé Muller
Bordeaux 24 Prairial l’an 2 de la R. F. une indivis.
On lit au pied de cette pétition :
" En l’état où se trouve la cit. Muller, dont
la vie paraît dans un extrême danger, le Comité de
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Survce peut, si aucun motif trop puissant ne s’y oppose,
concilier la mesure d’utilité générale qui a fait arrêter
Muller avec ce que l’humanité peut réclamer en
faveur de son épouse.
????, ce 24 Prairial an 2 de la R.F. une & ind.
Signé Jullien
Huit jours après le 5 Messidor (23 juin
1794), Guignau & Huin, membres du Cté, se
transportaient Cours du champs de Mars N° 13
chez Muller, levaient les scellés qui avaient été
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apposés sur son cabinet, saisissaient 4 pièces qui lui
étaient entièrement favorables & constataient dans
leur procès verbal n’avoir rien trouvé qui put
le rendre suspect. L’opération eut lieu en
présence de Marie-Thérése LEMIT, belle fille de
Muller.
L’accusé resta néanmoins détenu.
Il comparait une 1er fois devant la
??? ???? à une date que nous ne pouvons préciser,
les notes d’audience ne contenant aucune indication
à cet égard.
Il déclare s’appeler Muller (Jean Bte)
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Agé de 44 ans, chef de manége, natif de Luxembourg
Demt à Bordeaux au Manége.
rangé dans la classe des mauvais citoyens ! Ta
fréquentation avec le roi, ta signature pour
l’ouverture des églises, tout cela te signale
comme un aristocrate ?
l’ai fait sans conséquence.
civisme ?
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Lacombe lit son interrogatoire.
qui te connaissent pour patriote ?
Lambesc ?
depuis la révolution.
Lacombe lit quelques certificats favorables
à l’accusé.
Pécholier, fait remarquer Muller.
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civisme ?
parlera pour toi ?
On fait silence, constatent les notes d’ ????
L’affaire est renvoyée à demain.
Le lendemain (7 messidor) Muller est ramené. La
feuille de cet audience manque au dossier.
Toutefois on lit une note de Lacombe ainsi
Conçue ; 2eme audience. Muller a parlé en loin
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d’ajouter à sa défense, il a prouvé que les accusations
portées contre lui sont vraies.
L’affaire fut néanmoins remise pour prendre
Des informations dans sa section & le juge Albert
Fut chargé de la mission.
Il s ‘en acquitta le 2 Thermidor, ainsi qu’il
résulte du procès verbal que nous allons transcrire :
Aujourd’hui 8 Thermidor, au ?? (service) de la R.F une et
indivisible, moi, albert, membre de la C…M… séante à
Bordeaux, commissaire nommé par elle à l’effet de prendre des
renseignements sur la conduite privée et civique du cit. Müller,
membre de la section de l’égalité N° 4, m’y étant transporté,
accompagné du citoyen Maillot, secrétaire de la Con (commission), je l’ai trouvé
assemblé suivant la réquisition du tribunal sous la présence du
cit. Bouilh cadet, et sur l’observation que je lui ai faite qu ‘aux
termes de la loi, un membre du conseil général de la commune
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devrait préciser, il m’a dit qu’ayant prévenu la municipalité, elle
l’avait autorisé à ouvrir la séance sans qu’il fut nécessaire
d’envoyer un officier municipal, d’après le vu ?? ?? du peuple
ainsi écrit au bar de la réquisition de la C.. M… : Vu & approuvé
par nous A ???? ??? 8 Thermidor, 2 ? Rep.f. signé Garnier
de Xantes.
J’ai invité le président de faire le recensement des citoyens
présents qui se trouvés faire nombre d’environ 200 personnes.
J’ai, après l’énumération, invité le président à dire à la section
en vertu de quelle réquisition elle se trouve assemblée.
Le président ayant annoncé à la section qu’elle est assemblée
en vertu d’une réquisition de la C.. M… au bas de laquelle est le
visa du représ. Garnier, j’ai dit :
Citoyen, Muller, membre de votre section, a déjà paru
au tribunal pour rendre compte de sa vie privée & politique.
Le président lui a fait différentes interpellations, entre autres
celle de lui dire s’il a son certificat de civisme ; il a répondu
que non, qu’il ne l’a pas cru utile à son affaire, mais que
sa section (le) lui accorderait ; quels sont les patriotes qui pourraient
attester de son civisme, il a répondu toute la section. La C… militaire
toujours juste, ne cherchant pas à trouver des coupables, mais
ne voulant pas que les ennemis de la révolution échappent à
la justice nationale et voulant leur faire payer leurs crimes
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trop multipliés envers la patrie, les frappe sans miséricorde
lorsqu’elle les rencontrent. Si Muller fut donc l’ami de la liberté
si Muller se rangea toujours du coté des patriotes, vous devez tous
vous prononcer en sa faveur ; si, au contraire Muller ne fut pas
l’ami du peuple, s’il fréquente toujours les aristocrates et s’il
n’a pas paru dans sa section, dans toutes les crises politiques,
pour défendre les intérêts du peuple, vous devez, en républicains
vous élever fortement contre lui et déclarer à l’unanimité ce que
vous pensez sur son compte.
Je pose donc ainsi la série de questions et vous invite, au
nom de la patrie & de votre propre intérêt, à y répondre en
hommes libres.
1ere question. S’est-il rendu habituellement dans sa section ?
R. la section déclare que Muller s’y est rendu très rarement ;
qu’on l’a vu cependant réclamer une carte de section à l’époque
où elle est devenue absolument nécessaire à chaque citoyen.
2eme question. Si dans tous les orages politiques, il s’est
rangé du coté des sans-culottes & s’il a défendu les droits du peuple ?
R. la section s’accorde à dire que, dans le peu de fois où
Muller a paru dans la section, il n’a parlé ni pour, ni
contre la révolution.
3eme question. A-t-il accepté l’acte constitutionnel ?
R. Que vérification faite du registre, son nom ne s’y trouve
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pas.
4éme question. La section le reconnaît-elle pour un bon patriote
et lui accorderait-elle un certificat de civisme ?
R. la section répond qu’ayant déjà déclaré qu’il n’était pas
assidu aux assemblées, elle ne pouvait pas lui accorder un certificat
qu’elle ne doit qu’aux citoyens qui ont été utiles à la chose publique
dans les assemblées.
ajoutent cependant plusieurs citoyens que toutes les fois qu’ils
se sont présentés chez Muller pour des collectes ou contributions,
il a donné avec plaisir et les a même invités à ne pas l’épargner ;
notamment qu’il a offert il y a environ 1 an, avant l’acte
constitutionnel, 14 chevaux et leur équipement pour la patrie,
avec offre de faire réparer ce qui pourrait être défectueux.
fait & clos les jours, mois & an que ???? pour servir et
valoir à ce que de raison, et les membres présents à l’assemblée
Ont signé avec nous.
Signé ; Teycheiney, Girard, Marcadié ; Saintaraille, Doré,
JH. Laron, Etienne ????, Paparel , JB Garrigou, Souriguére,
Lacourtaudiére, Jean Labat, Danduran , Bibrac, Lachaise,
Roudier & & , A ?? albert, commisaire, Bouilh cadet,
Président, & Maillot, secrétaire.
Comme pour compléter le procès verbal que l’on
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Section de l’Egalité
De la commune de Bordeaux
Carte d’entrée & d’épurement
Le citoyen Jean Bte Muller
Chef de manége à Bordeaux
rue cours du manége N° 13, âgé
de 42 ans, taille 5 pieds 3 pouces
cheveux châtains, yeux bleus,
nez aquilin, visage ovale, bouche ordinaire
menton pointu, ------
a passé au scrutin épuratoire de la section de
l’Egalité, et en conséquence, il lui a été délivré
la présente carte.
Bordeaux, le 27 Frimaire l’an 2éme de la
Rép. F. une & indiv. (17 Xre 1793)
Signature du certifié
Signé : Muller. Signé : Chandru
Président
Signé : Roubier
Sécrétaire N° 260
Ce texte est entouré par 2 cadres. A l’intérieur des 2 cadres est écrit :
Côté Gauche :
guerre aux tyrans,, aux fédéralistes, aux royalistes
En Haut :
aux agioteurs, aux accapareurs, et à
Côté droit :
tous les ennemis de la liberté, de l’égalité & de l’unité de la République.
En bas :
Unité, indivisibilité de la République.
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vient de lire & pour donner le coup de grâce à Muller,
3 honorables citoyens formulèrent contre lui le même
jour 8 Thermidor une dénonciation ainsi conçue :
Nous déclarons que le cit. JB Muller, cours du
manége n°13 n’a jamais paru être l’ami de la révolution
et que l’opinion publique l’a désigné jusque dans ces derniers
temps comme aristocrate, qu’il n’a point accepté la constitution
républicaine, qu’il a logé chez lui quelque prêtre, et d’autres
faits à sa charge qui nous été dits dans le temps… dont
la mémoire nous fournit pas, déclarant cependant qu’il a
obtenu quoique avec peine un certificat de la section de l’égalité
d’épurement. Bordeaux le 8 Thermidor l’an 2éme de la R. française
Signé : Roubier
Je déclare que Muller n’a pas accepté la constitution
et qu’il est accusé par tous les patriotes d’aristocratie & de fanatisme
Signé : androu fils – lacourtaudiére
SIGNATURES
Voici le certificat d’épurement dont parle Roubier ; il
mérite d’être conservé, tout au moins comme formule
Ce certificat est recopié page 31 bis
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Muller est ramené à l’audience le 9 Thermidor.
lui dit Lacombe ; tu fus convaincu d’avoir signé
pour l’ouverture des églises, d’avoir paru rarement
à ta section ; d’après de pareils motifs peu de citoyens
rempliraient leurs devoirs ! Tu n’as pas accepté
la constitution républicaine, tu as été en correspond
avec Lambesc & tu as osé dire devant ce tribunal
qu’il n’avait fait ni bien, ni mal, ce scélérat
tout dégouttant du sang des français ! le
public t’accuse d’aristocratie ; le tribunal à
pris des renseignements dans ta section, en voici le
PAGE 34
résultat.
Lacombe lit le procès verbal dressé par le
juge albert & la dénonciation de roubier, la-
courtaudiére & androu fils.
dit Muller, j’étais malade ; d’un autre coté mes
occupations m’ont empêché de me rendre dans
ma section ; je n’ai pu être en correspondance
avec Lambesc puisque je ne sais pas écrire le
français.
pourtant tu signes pour l’ouverture des églises.
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Tu es assez philosophe pour savoir que ce que
tu ferais était pour servir l’aristocratie ?
et des Cabourg pour m’accuser ; je suis un véritable
romain, un sans-culotte depuis 20 ans. Je demande
15 jours pour faire une distribution utile à la
patrie et sur laquelle je ne puis m’expliquer
en public.
l’ajoutes à celui d’allemand. Et quel est le plus beau
nom que celui de français ! Tu veux affecter du courage : celui
qui en parle ainsi est un lâche !
PAGE 36
Et il écrit au bas de l’interrogatoire : " Muller. L’opinion
publique le désigne comme aristocrate. Il n’a pas de certificat
de civisme, il ne peut pas indiquer un seul patriote
qui atteste son civisme. Il n’a pu présenter sa corres-
pondance avec Lambesc l’infâme Lambesc depuis le commen-
cement de la révolution ; il a même eu l’audace de soutenir
en pleine audience qu’il n’avait rien fait de mal ce scélérat
Lambesc, tout dégouttant du sang des français et du
vieillard septuagénaire qu’il massacra dans le
jardin des tuileries. Il n’a fréquenté que des aris-
tocrates. Il a signé pour l’ouverture des églises,
quoique très peu dévot & cela pour favoriser les
mesures des prêtres réfractaires qui voulaient
allumer la guerre civile. "
Après avoir écrit ce résumé, Lacombe dit
à Gittey
PAGE 114
" Convaincu que Désarmand, Pagés de la
Bouissette, Joseph Fumel, Jean Baptiste Cavazza,
Jean Baptiste Muller, se sont montrés les ennemis
du peuple, en désirant que les Français se livrassent
aux Anglais, en écrivant des feuilles aristocratiques,
en tramant la dissolution de l’unité et l’indivisibilité
PAGE 115
De la République ;
Convaincu que, sous tous ces rapports, ils
Doivent être rangés dans la classe des aristocrates et
Des ennemis de la révolution,
Ordonne, d’après la loi du 27 mars, qu’ils
Subiront la peine de mort ; tous leurs biens confisqués
Au profit de la république ; ordonne que le présent
jugement sera à l’instant exécuté sur la place
nationale de cette ??, imprimé & affiché partout
où besoin sera.
Les huit condamnés à mort sont remis
PAGE 116
Au bourreau & la place nationale est bientôt
rougie de leur sang !
ainsi s’exerçait la justice révolu-
tionnaire ! ……
Le tribunal fauchait sans pitié,
ni merci ; des assassins, comme on l’a
dit plus tard, y étaient en permanence ;
Les fournées succédaient aux fournées,
les têtes roulaient sans cesse sur l’instrument
on supplie, et le peuple, un peuple
perverti par le déchaînement de toutes les haines
& de toutes les passions, applaudissait à ces tueries infâmes !
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Un détail assez curieux se rattache au procès
du malheureux Muller ; nous l’allons
sommairement raconter.
Muller, on vient de le voir, avait été condamné à
mort & exécuté le 27 juillet, le 9 Thermidor !
Dés le 28 au matin, RONAN, commissaire-ordonnateur
des guerres de la IIéme D… M …, écrivait au directoire
du district & lui demandait la livraison des
chevaux appartenant à Muller, afin qu’il peut les
faire parvenir aux R.Rép. prés l’armée
des Pyrénées orientales.
Le directoire du district en référa
PAGE 118
Fac-similé de la réponse de Jullien
PAGE 119
immédiatement à Jullien
Celui ci qui réunissait, on ne l’a pas oublié
tous les pouvoirs entre ses mains, n’eut pas un
instant d’hésitation, & au pied même de la
demande de ROMAN il écrivit :
" Les chevaux du manége pouvant être
infiniment plus utiles pour servir à
l’équitation, qu’a l’armée des Pyrénées,
doivent provisoirement rester à Bordeaux,
où le district s’occupera de les faire
employer au service public.
Signé Jullien
PAGE 274
Jullien – qui prit plus tard le nom de
JULLIEN DE PARIS, fut arrêté après le 9 THERMIDOR
comme complice de ROBESPIERRE ; il trouva moyen
de se réconcilier avec les vainqueurs & obtint
sa liberté ; sous le directoire il servit en
qualité de commissaire des guerres, fit partie
de l’expédition d’Egypte, fut employé au retour
dans les bureaux du ministère de la guerre, devint
un apologiste fervent de Napoléon Ier.
Il avait 19 ans quand il était à Bordeaux.
PAGE 353
…..
Dans la nuit du 31 juillet au 1er Août (13
au 14 Thermidor an 2), GARNIER reçut un courrier
extraordinaire qui lui portait la nouvelle
officielle des événements du 9 Thermidor, de la chute
de ROBESPIERRE, de sa mort & de celle de ses
PAGE 354
complices.
Le conventionnel fut atterré ; il pouvait à peine
en croire ses yeux & les récits du Moniteur. Il
fit appeler quelques intimes & sollicita leurs
conseils. Après de mûres réflexions, GARNIER
comprit qu’il était perdu s’il ne faisait pas
immédiatement une volte face qui lui concilierait
les habitants de la ville.
Un homme lui parut, ainsi qu’a ses
conseillers, naturellement désigné pour devenir le
bouc émissaire d’un ??? que la chute de ROBESPIERRE
rendait doublement criminel …
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Cet homme, c’était LACOMBE .
…
…
Il n’hésita plus et ordonna sur le champ son
arrestation.
Nous retrouvons l’acte de décès 2014 cote 3 E 6 de Jean Baptiste LACOMBE (ex-président du tribunal), âgé de 35 ans, le 28 THERMIDOR !
Le 27/02/2002