CONEN de Saint-Luc Gilles René
CONEN DE SAINT-LUC gilles-rené , chevalier. Frère du précédent, né à
Rennes le 28 sept. 1721. Il appartenait à une famille connue dès le xiiie s. qui a donné des
représentants aux États de Bretagne, des chevaliers de S.-Michel, un prévôt des maréchaux
de Bretagne. Il fit ses études au collège des jésuites de sa ville natale et se fit recevoir
avocat au parlement de Bretagne. Le 21 août 1744, il était admis comme conseiller, avec dispense d'âge,
sur la démission de M. de Plœuck. Il montra une constante fidélité au roi lors de la lutte
des parlements contre le souverain et s'opposa aux mesures contre les jésuites. Lorsque, le 22 mai 1765,
la plupart des parlementaires bretons se démirent de leurs fonctions après avoir refusé l'enregistrement
des édits bursaux, il était au nombre des douze qui ne voulurent pas les abandonner; il rentra au
Palais en 1766, ce qui lui valut les appréciations injurieuses des pamphlétaires du parti opposé
et la malveillance de ses collègues qui lui reprochaient d'avoir révélé les secrets
de l'ancienne compagnie. Il expose dans un Mémoire au roi les avanies qu'il eut à supporter pour
avoir tenu le parlement de 1765 à 1769 et de 1771 à la fin de 1774 et présidé le parlement
Maupeou. Le peuple ne le ménageait pas davantage et des placards injurieux étaient affichés
à sa porte. Lors du rétablissement des parlements sous Louis XVI, Saint-Luc se démit de sa
charge, obtint une modeste pension de 2 000 livres et se retira en son château du Bot, près de Brest,
qui lui venait de sa femme, Françoise-Marie Du Bot. Au moment de la Révolution, il était suspect
pour de multiples raisons, accusé d'hostilité à l'égard de l'évêque constitutionnel,
Expilly, et soupçonné, non sans raison, de cacher des prêtres réfractaires. Il fut emprisonné
à Quimper, libéré mais mis en surveillance avec les siens. Sa fille, Marie-Marquise-Charlotte-
Victoire-Emilie, était venue les rejoindre.
Celle-ci, née à Rennes le 27 janvier 1762, n'avait reçu ses prénoms au baptême
que le 12 février 1766. Élevée chez les visitandines, elle entra chez les religieuses de la
maison de retraite de Quimper où elle fit sa consécration le 2 février 1782. Elle rejeta la
Constitution civile du clergé et écrivit à l'abbé Le Coz après son élection
à l'évêché constitutionnel d'Ille-et-Vilaine pour tenter de le ramener à l'orthodoxie.
Sa maison religieuse ayant été fermée, elle profita de l'hospitalité des bénédictines
du Calvaire et dut ensuite retourner chez ses parents. Elle avait quelque talent de peinture et on conserve plusieurs
portraits peints par elle, quelques-uns faits dans la prison. Pratiquant la dévotion au Sacré-Cœur,
elle en avait peint des images et des insignes comme ceux que portaient beaucoup des insurgés Vendéens.
Le 10 oct. 1793, le président, sa femme et sa fille furent arrêtés et conduits à la
prison de Carhaix et, de là, à Quimper, puis, séparément, à Paris où,
leur dossier ayant été envoyé au tribunal révolutionnaire, ils se retrouvèrent
à la Conciergerie. Le 1er thermidor an II, Saint-Luc, sa femme et sa fille comparurent devant le tribunal
révolutionnaire et furent condamnés à mort comme ennemis du peuple, ayant secondé la
révolte des brigands de Vendée et le fanatisme. Victoire demanda à être exécutée
la première, disant à ses parents : " Vous m'avez appris à vivre; avec la grâce
de Dieu, je vais vous apprendre à mourir. " Sa béatification a été envisagée
avec celle des autres victimes religieuses de la Révolution.
Les Conen de Saint-Luc avaient deux fils, Athanase et Ange. Ce dernier, né à Rennes le 23 juillet
1767, était entré à l'armée et avait obtenu vers 1786 une sous-Iieutenance au régiment
des Deux-Ponts. Il s'était quelque peu laissé entraîner à apprécier favorablement
ce " beau siècle de lumières ". Au printemps de 1789, il était en congé au
Bot; il retourna en mai à Sarregnemines qu'il appelle un pays maudit et le début de la Révolution
modifia profondément ses idées antérieures. Rentré dans sa famille, il émigra
en août 1791, fit partie de l'expédition de Quiberon et, après un jugement sommaire, fut exécuté
le 13 thermidor an III.
Jj Levot, Biogr. bretonne. - Saulnier, Le parlement de Bretagne. - A. Le Moy, Le Parlement de Bretagne
et le pouvoir royal. - Abbé Corron, Nouveaux justes dans les conditions ordinaires île la société.
- Pouplard, Une martyre, sous lu Terreur, 1882. - - De Silguy, Victoire de Saint-Lur, 1905. - A. Crosnier, Victoire
Conen de Suint-Luc, 11119. - Bull. de lu Soc. arctiéol. du l^inifilèff, i.i, 10-(i7. - o Kerviler,
où
autres références
Documentation fourni par : P. Priol
le 11/02/2004